L'enseignement de l'évolution des êtres vivants est d'autant plus à risques pour un enseignant qu'il va focaliser sa séquence sur l'évolution de l'espèce humaine et qu'il va faire le choix d'un temps de débat. Les spécificités épistémologiques de ce concept –savoir touchant à nos origines, savoir historique, savoir non stabilisé, et savoir manipulé dans des contextes socio-politiques- augmentent les difficultés d'enseignement et d'apprentissage. La question centrale de recherche vise à comparer la construction d'un problème scientifique, la filiation homme-singe, dans deux classes de 3ème issues d'établissements différents socio-culturellement. Le contrôle relatif de la variable portant sur ces milieux socio-culturels contrastés s'est fait par le même scénario pédagogique mis en œuvre par la même enseignante. Libérant la parole de ses élèves sur ce sujet sensible, la pratique enseignante, étudiée ici, va être confrontée à gérer de nombreux obstacles épistémologiques et idéologiques, ces derniers prégnants dans la classe REP. En conséquence, ses difficultés à mener le débat ne sont pas de même nature : dans une classe engager la participation des élèves à se questionner et développer des arguments, dans l'autre classe faire comprendre aux élèves la différence entre un registre des croyances personnelles et le registre scientifique commun. Prendre le temps d'un débat scolaire, apparaît être un enjeu crucial pour initier les élèves à un esprit critique en sciences tout en leur faisant respecter l'opinion ou la religion d'autrui.