Lors de cette étude concernant les « nouveaux étudiants », nous avons adapté le test nord-américain FMCE (Thornton et Sokoloff, 1998) pour des étudiants français de première année d'études supérieures, permettant de mettre en évidence des modes de raisonnement non conformes avec les résultats issus de l'utilisation des lois de Newton. Ce test a été passé fin 2014 par 152 étudiants. L'exploitation des réponses des étudiants sondés nous a permis de mettre en évidence un écart de traitement entre une situation physique relative à un mouvement uniformément accéléré et la même situation physique relative à un mouvement uniformément décéléré. Douze enseignants du supérieur ont été interviewés sur les résultats au test précédent et tous ont fait part, sans équivoque, que la différence de traitement était due à l'utilisation du mot décélération. Nous avons voulu corroborer cette affirmation.
Dans un premier temps, une partie du questionnaire précédent a été sélectionné et modifié pour être repassée en mars 2015 par les mêmes étudiants. Celle-ci contient des questions sur le mouvement uniformément accéléré non modifiées, et d'autres sur le mouvement uniformément décéléré, en remplaçant l'expression « décélération constante » par « décroissance constante de la norme de la vitesse ». L'analyse des réponses à cette deuxième version ne met pas en évidence une influence de l'utilisation ou non du mot décélération. Pour vérifier ce résultat qui va à l'encontre de ce que pensent les enseignants interviewés, nous avons fait passer une troisième version du test à une nouvelle promotion d'étudiants. L'analyse des réponses nous montre également qu'il n'y a pas d'influence de l'utilisation ou non du mot décélération sur les réponses des étudiants. Ces deux analyses statistiques de natures différentes nous montrent, au risque d'erreur de 5%, que les enseignants ont une mauvaise représentation des modes de raisonnement de leurs étudiants.